Le Burkina Faso a décidé de mettre fin à son accord militaire qui date de plus de 60 ans avec la France en raison d’absence de progrès et de sa volonté de devenir réellement indépendant, ont estimé des activistes burkinabé auprès de Sputnik. En plus de cela, Paris semble y servir des objectifs qui ne répondent pas aux intérêts d’Ouagadougou.
Pourquoi le Burkina Faso a décidé de dénoncer un accord militaire conclu en 1961 avec la France? Quel avenir attend le pays après cette décision? Comment Paris pourrait-il réagir? Interrogés par Sputnik, des spécialistes burkinabés ont livré leurs réflexions sur ces questions.
Cet accord “mérite d’être rompu il y a très longtemps” en raison de son inefficacité, a estimé un militant burkinabé:
“Comment peut-on assister des gens pendant plus de 60 ans et ces derniers jusqu’à nos jours ont toujours besoin d’assistance?”, s’est demandé Sawadogo Souleyman. Le pays a besoin d’un soutien qui l’aiderait à devenir indépendant, a-t-il précisé.
Selon lui, la France et surtout l’Europe devraient revoir leurs partenariats avec les pays africains.À ce sujet, il a cité l’exemple de l’Ukraine à laquelle l’Occident fournit des armes, et en même temps, ce dernier envoie des soldats à l’Afrique.
Déception et stagnation
Exigé par le Mali et le Burkina Faso, le départ des troupes françaises s’explique par une certaine déception des autorités africaines face à l’absence de succès dans la lutte contre le terrorisme, poursuit Salif Warma, secrétaire général de l’association des Burkinabè de Barcelone:
“Ces pays pensent que cela a été un échec cuisant. Et que le partenariat est teinté de fourberie, d’une volonté de servir d’autres causes dans les désintérêts de ces pays. Leur objectif caché pourrait être les partitions du pays, dans le seul intérêt de l’allié traditionnel”.
Quelles conséquences négatives et positives?
Tandis que Paris n’a pas encore communiqué de réponse détaillée à cette dénonciation, Salif Warma suppose que la France pourrait mettre des bâtons dans les roues et déstabiliser davantage le Burkina Faso:
“Notre système de sécurité et de défense serait victime d’une campagne intensive de sabotage de la part du partenaire traditionnel […], de l’instrumentalisation d’une partie de la société civile, de la presse, des partis politiques”.
Il a également pointé le risque de l’utilisation abusive des données numériques “pour pirater nos communications les plus secrètes”, le pays les hébergeant en France et utilisant des satellites français.
Cependant, à long terme, la défense et la sécurité burkinabè “se porteront mieux” si l’État “arrive à délier tous ces liens”.
Ayant pris cette décision, Ouagadougou vise à “retrouver une vraie souveraineté, lever les contraintes réelles de diversification des partenariats militaires”, ainsi que “mieux protéger nos secrètes défenses”.
Enfin, le responsable de cette association a suggéré que Paris “pourrait être complice des récentes attaques […] en utilisant comme base arrière le Niger et le Bénin et en espionnant notre système de renseignement”.
Quel rôle la Russie pourrait-elle jouer?
Cherchant à lutter contre le terrorisme, le Burkina pourrait être soutenu par Moscou qui a fait part de sa disposition à l’aider. Pour Salif Warma, le champ de cette éventuelle coopération est assez large:
“La Russie n’a pas de passé colonial en Afrique et c’est un avantage. Dans un premier temps, la Russie pourrait nous aider dans l’équipement, la formation, les renseignements, la délocalisation de nos big data pour les ramener chez nous pour que nous en gardions le contrôle”.
Il a aussi rappelé la nécessité de fabriquer des armes avec les transferts de technologie et de développer le secteur nucléaire civil pour atteindre une indépendance énergétique.
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