À 30 kilomètres de Ouagadougou, au Burkina Faso, des milliers de pèlerins vêtus de blanc forment une rivière humaine autour d’Adja, guérisseuse de 20 ans réputé pour ses pouvoirs hors-norme.
Hantée par des visions depuis toujours, Amsétou Nikiéma de son vrai nom, a eu une enfance mouvementée.
“Au début de la folie, j’ai dit à mes parents que je n’étais pas fou mais ils ont refusé. Il y avait un enfant de trois ans qui ne pouvait pas marcher, alors j’ai juré sur ma vie ce jour-là que je le soignerais pendant 12 jours et que l’enfant marcherait. Lorsque j’ai donné le médicament, l’enfant s’est levé le 11e jour et a commencé à marcher. Ainsi, le 12e jour, les gens ont commencé à avoir des soupçons, d’autres disent que c’est de la folie et d’autres disent que ce n’est pas de la folie,” rapporte la jeune femme.
La jeune fille ne saurait expliquer l’étendue de ses pouvoirs mais ceux-ci suscitent selon elle la convoitise de ses nombreux concurrents.
Elle serait victime d’attaques spirituelles et de sorcellerie de leur part.
“….Aujourd’hui, je ne sais même pas pourquoi Dieu m’a donné du pouvoir jusqu’à ce point. Si je me lève et dis que je veux ceci, il me le donne. Si je vois quelqu’un qui est malade, si je dis que je vais l’aider, il aide la personne,” explique-t-elle.
Des hommes aux pieds enchainés, malchanceux ou encore possédés, Adja guérit tout ceux dont la société burkinabè ne sait que faire.
“Le patient souffrait de vertiges récurrents. Nous avons pris des médicaments de tous les côtés, mais sans succès. Une connaissance nous a parlé d’Adja et nous sommes venus. Quand nous sommes venus, tout est rentré dans l’ordre. Il gérait un stand d’Orange Money et a pu reprendre son travail,” selon Awa Tiendrébeogo, soeur d’un des patients d’Adja.
Prières musulmanes, pharmacopée traditionnelle, cérémonies de désenvoûtement : la guérisseuse conjugue ces méthodes dans un pays majoritairement musulman aux infrastructures de santé défaillantes et où les croyances traditionnelles sont ancrées dans la culture.
L’animisme, cette croyance selon laquelle la nature est régie par des esprits analogues à la volonté humaine, n’a jamais réellement quitté les pays africains. Même si dans la plupart d’entre-eux elle est considérée comme néfaste, la religion précoloniale se pratique encore aujourd’hui, le plus souvent alliée aux religions monothéistes héritées de la colonisation.
Officiellement, seuls 9 % des burkinabè se déclarent “animistes”, un chiffre notoirement sous-évalué.
Parmi les patients en majorité musulmans présents pendant les cérémonies de guérison d’Adja, beaucoup refusent d’être filmés de près. “L’adage ici, c’est que les gens critiquent la tradition le jour, et la pratiquent la nuit”, explique un assistant de la guérisseuse.
L’exemple phare de la pratique de l’ancienne religion sur le territoire africain est le Bénin, où le Vaudou , une pratique ancienne hérigé au rang de code de vie, est pratiquée en harmonie avec le christianisme catholique.
By Africanews